Interview de Jiwee SDK

À quel moment as-tu vu tes premiers tags et tes premiers graffs ?

En 1986, avec mon frère qui taguait « Overdoz » à La Défense. Moi, je taguais « Aspic ».

Où ça ?

À Ville-d’Avray.

Avec qui ?

Avec mon frère.

Pourquoi as-tu commencé à faire des tags ?

Mon frère Aladin était doué dans à peu près tout ce qu’il touchait : danse, graffiti, musique, freestyle en BMX… C’était un exemple et une source d’inspiration infinie.

Où as-tu peint pour la première fois ?

Dans le jardin d’Opak, sur son mur.

Et ton premier tag illégal ?

Mes premiers tags illégaux, c’était surtout sur des stickers que je collais sur les murs de mon lycée, en seconde. Ça m’a valu d’être renvoyé du lycée Le Corbusier, juste à côté de chez moi, vers Sartrouville, seulement 15 jours après la rentrée. Le fait de devoir prendre le RER chaque jour a renforcé mon envie de m’exprimer sur ces panneaux publicitaires ambulants qui traversaient toute la région.

Quel est ton pseudo depuis le début ?

« Jiwee » est arrivé vers 1987-1988, à l’époque où j’étais skateur. Je faisais partie d’un crew de skateurs qui ont déformé mon patronyme pour en faire ce surnom.

Quels sont les autres pseudos que tu as eus, par ordre d’apparition ?

Aspic, Jiwee, Jiwea, Widg, Shade.

Qui as-tu croisé à tes débuts ?

Un de mes premiers souvenirs marquants, c’était les graffs des FBI. Des élèves du lycée américain de Saint-Cloud avaient des photos de leurs pièces.

As-tu peint des métros ou des trains en France ?

Très peu de métros, presque exclusivement des trains de banlieue. Je suis un peu claustrophobe, les tunnels ce n’est pas mon truc. Et en cas de course-poursuite, ce sont de véritables souricières.

Quels étaient les premiers endroits où tu peignais ?

La gare de Poissy, celle de Sartrouville, puis Cergy Saint-Christophe.

Peux-tu nous parler de ton crew et de son histoire ?

SDK est né dans le jardin d’Opak. On était des geeks d’ordi, et on a voulu sortir de nos chambres d’ado pour faire du rap et du graffiti. On s’est pris au jeu, jusqu’à créer le fanzine Xplicit GrafX (surtout géré par Opak).

Quelle était la composition du crew à l’origine ?

Au départ, il y avait moi, Opak, Fancie et Sime. Ensuite, Honet nous a rejoints, puis beaucoup d’autres par la suite.

Quel est ton mur ou ton plan vandale le plus fou ?

Le train top to bottom avec Lady Pink et Smith, à New York. Je n’ai malheureusement plus les photos du dépôt. C’était un plan super chaud et stressant, avec une course-poursuite dans les tunnels du métro new-yorkais, pourchassés par les maîtres-chiens. J’en ai même fait un morceau de rap. Mais j’ai plein d’autres histoires de dépôts qui se sont terminées en cavale…

Une anecdote marquante ou un événement étrange ?

Le plus fou, c’est quand ma copine de l’époque est tombée dans le coma après un AVC provoqué par un orgasme. Rongé par la culpabilité, je lui parlais pendant son sommeil et je lui promettais de lui offrir le plus beau train, même s’il fallait que j’y passe la nuit. C’est comme ça que j’ai peint son nom en grand sur un RER et fait mon premier top to bottom sur la ligne A. C’est aussi comme ça que j’ai découvert le dépôt le plus cool et tranquille de toute la région parisienne, dans lequel on a réalisé tous nos whole cars et marqué à jamais notre génération de graffeurs.

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